C'est l'histoire d'une rencontre, celle d'André Breton et de Léona Delcourt. De ces rendez-vous, l'auteur en rédigera un livre nommé Nadja. Un beau succès pour ce poète surréaliste et un triste destin pour la jeune femme... " Pourquoi dis, pourquoi m'as-tu pris mes yeux" Ecrira-t-elle à André suite à leur rupture. Cette phrase est devenue le titre de cette pièce de théâtre, qui nous propose de revivre leur rencontre.
Pourquoi dis, pourquoi m'as-tu pris mes yeux
Cette pièce de théâtre est une adaptation des textes d'André Breton et des lettres de Nadja. Elle relate la rencontre entre André Breton poète, écrivain français et fondateur du surréaliste (mouvement qui exprime le fonctionnement réel de la pensée) et de Léona Delcourt qui se surnommait Nadja.
Si vous souhaitez lire ce livre, sachez qu'il en existe deux versions : une publiée en 1928 chez Gallimard, et celle de 1963 où André Breton décida apportant près de 300 corrections (il supprima notamment sa nuit d'amour avec Nadja).
↪ Claude Martin a recensé tous les changements dans la Revue d'Histoire littéraire de la France datée de 1972 (numéro 2, page 274-286 " Nadja et le mieux-dire").
Dans son livre Nadja, André Breton compte une histoire autobiographique qui se serait déroulée sur 9 jours durant l'année 1926, mais la romancière néerlandaise Hester Albach démontre dans son ouvrage Léona, héroïne du surréalisme que non seulement l'histoire entre André et Nadja aurait duré plus de 4 mois, mais que les dates mises en avant par André Breton ne serait pas exactes.... André Breton aurait donc quelque peu modifié la vérité, allant ainsi à l'encontre de ses principes anti-littéraires (retranscrire uniquement les faits).
Mais revenons à cette rencontre fortuite entre ces deux personnes un jour d'octobre 1926 non loin des Grands Boulevards parisiens, et sur Nadja en particulier. Cette dernière, qui vécut très mal sa rupture avec l'écrivain, lui rédigea de nombreuses lettres et dessins.
En mars 1927, Léona Delcourt dit Nadja fut internée suite à une crise d'angoisse associée à une dépression. Elle décédera à l'asile public d'aliénés (qu'on nomme psychiatrique de nos jours) de Bailleul en 1941 officiellement d'un cancer. Dans la réalité, elle est l'une des très nombreuses victimes du régime de Vichy. En effet, durant la deuxième guerre mondiale, les malades mentaux étaient soumis à la politique d’extermination conformément à l'idéologie nazie. Pour les conduire à la mort, les patients étaient tout simplement sous-alimentés... C'est une triste réalité dont on parle peu.... La sculptrice et peintre Camille Claudel subira le même destin tragique, sa mort étant la conséquence d'une mal-nutrition durant son internement...
J'étais très curieuse à travers cette pièce de théâtre Pourquoi dis, pourquoi m'as-tu pris mes yeux de découvrir à la fois la vision d'André Breton, mais également celle de Nadja. C'est donc avec beaucoup de curiosité que je me suis rendue avec Princesse acidulée au théâtre La croisée des chemins afin de découvrir Pourquoi dis, pourquoi m'as-tu pris mes yeux.
Si vous souhaitez lire ce livre, sachez qu'il en existe deux versions : une publiée en 1928 chez Gallimard, et celle de 1963 où André Breton décida apportant près de 300 corrections (il supprima notamment sa nuit d'amour avec Nadja).
↪ Claude Martin a recensé tous les changements dans la Revue d'Histoire littéraire de la France datée de 1972 (numéro 2, page 274-286 " Nadja et le mieux-dire").
À gauche, l'édition originale, à droite celle de nos jours |
Nadja d'André Breton
Le triste destin de Léona Delacourt
Mais revenons à cette rencontre fortuite entre ces deux personnes un jour d'octobre 1926 non loin des Grands Boulevards parisiens, et sur Nadja en particulier. Cette dernière, qui vécut très mal sa rupture avec l'écrivain, lui rédigea de nombreuses lettres et dessins.
En mars 1927, Léona Delcourt dit Nadja fut internée suite à une crise d'angoisse associée à une dépression. Elle décédera à l'asile public d'aliénés (qu'on nomme psychiatrique de nos jours) de Bailleul en 1941 officiellement d'un cancer. Dans la réalité, elle est l'une des très nombreuses victimes du régime de Vichy. En effet, durant la deuxième guerre mondiale, les malades mentaux étaient soumis à la politique d’extermination conformément à l'idéologie nazie. Pour les conduire à la mort, les patients étaient tout simplement sous-alimentés... C'est une triste réalité dont on parle peu.... La sculptrice et peintre Camille Claudel subira le même destin tragique, sa mort étant la conséquence d'une mal-nutrition durant son internement...
Dessins de Léona Delcourt dit Nadja |
Avis sur Pourquoi dis, pourquoi m'as-tu pris mes yeux
Conformément à nos habitudes, nous nous installons au premier rang, au plus près des deux comédiens. La proximité est telle que nous pouvons observer le moindre geste et regard. Sur scène, une simple table, deux chaises où sont installés les comédiens. La pièce commence "Qui suis-je" s'interroge André Breton... Et puis vient la rencontre, LA rencontre, celle d'une femme énigmatique qui a su dès le premier regard le fasciner... Mais pour combien de temps ?
François Rabelle et Florence Perrier (Crédit photo : Nadia Rabhi ) |
Nadja et André Breton : le début d'un histoire d'amour
Quel merveilleux travail de montage ! Parvenir à récréer cette rencontre en alternant les textes d'André Breton et de Nadja n'a pas dû être un exercice facile et pourtant Florence Perrier a su les associer sans que jamais cela ne paraisse incohérent. Au contraire, à travers les écrits de l'écrivain et de Nadja, nous parvenons à avoir une vision globale de cette histoire d'amour où la fascination ressentie par les deux personnes est très puissante. André fait ainsi la connaissance de celle qui va occuper intensément son esprit. Quand il lui demande son nom, elle lui répond Nadja : "parce qu'en russe, c'est le commencement du mot espérance et que ce n'est que le commencement ".
François Rabelle et Florence Perrier (Crédit photo : Nadia Rabhi ) |
Nadja, passionnément amoureuse
À travers des textes choisis, on perçoit bien les traits de la personnalité atypique de Nadja. Elle a une façon particulière de voir le monde qu'elle exprime de manière poétique : est-ce là le fruit d'une imagination débordante ou les prémices de la folie ? Difficile d'y répondre...
Toujours est-il qu'elle prédit à André qu'il écrira un livre sur eux " André ? André ?... Tu écriras un roman sur moi. Je t'assure ? Ne dis pas non, Prends garde : tout s'affaiblit, tout disparaît. De nous, il faut que quelque chose reste". Je me demande si l'écrivain aurait eu l'idée de rédiger ce livre sans cela !
Florence Perrier et François Rabelle (crédit photo : photo et montage Le petit monde de NatieAK) |
Florence Perrier m'a totalement emporté dans son interprétation de Nadja : j'ai aimé son regard pétillant respirant d'amour, cet amour qu'elle ressent pour son tendre André. Il y a une telle intensité, une telle soif de communion, une telle envie d'être à jamais près de l'être aimé qu'elle admire. Et vient ensuite, le refus de la rupture et enfin, l'évidence, le déchirement, un cœur qui se brise. " c'est froid quand je suis seule. J'ai peur de moi-même... André. Je t'aime. Pourquoi dis, pourquoi m'as-tu pris mes yeux." Comme on aimerait que cette histoire lui soit plus favorable, qu'elle dure et que Nadja soit heureuse...
De son côté François Rabette incarne un André Breton tel que je pouvais l'imaginer. L'écrivain a comme une fascination pour la jeune femme, qui a su dès le premier regard capter son attention. Il éprouve le besoin de la revoir, mais finit par reconnaître qu'il n'est pas amoureux d'elle. La passion n'est plus, il se lasse. J'ai été agacée par sa façon d'être et de penser, par son côté trop sûr de lui, de son détachement alors qu'on perçoit à la fois l'amour et ensuite toute la détresse de Nadja. Comme on aimerait tout changer...
François Rabette donne assurément vie à André Breton et cela tout au long de la pièce. Le duo que forme les deux comédiens est puissant et authentique, nous permettant ainsi de nous faire entrer dans cette histoire, l'histoire de leurs personnages.
Nous voilà déjà au terme de cette histoire, mais nous ne voulons pas détacher notre regard de Nadja... La beauté du jeu, celle du texte et la lumière plein de symbolique laisse une émotion palpable dans la salle. Dis Nadja, que vas-tu devenir ?
François Rabette donne assurément vie à André Breton et cela tout au long de la pièce. Le duo que forme les deux comédiens est puissant et authentique, nous permettant ainsi de nous faire entrer dans cette histoire, l'histoire de leurs personnages.
Nous voilà déjà au terme de cette histoire, mais nous ne voulons pas détacher notre regard de Nadja... La beauté du jeu, celle du texte et la lumière plein de symbolique laisse une émotion palpable dans la salle. Dis Nadja, que vas-tu devenir ?
En conclusion : Pourquoi dis, pourquoi m'as-tu pris mes yeux est une pièce à découvrir car le montage imaginé par Florence Perrier est particulièrement bien construit. Par ailleurs, c'est une sortie qu'on pourra voir avec des adolescents afin de les éveiller au mouvement du surréaliste sans pour autant que cela soit rébarbatif ! Ça sera ainsi une belle façon d'aborder la littérature tout en y associant l'art théâtral.Je recommande vivement !
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Informations :
La croisée des chemins 43 rue Mathurin Régnier 75015 Paris
Du 16 janvier au 7 mars 2018
Prix: de 13 à 16 €
Le mercredi et jeudi à 19h45
Auteur : D'après les textes d'André Breton et Léona Delcourt
Comédiens : Florence Perrier et François Rabette
Mise en scène : Déborah Coustols-Chatelard
Comédiens : Florence Perrier et François Rabette
Mise en scène : Déborah Coustols-Chatelard
Durée : 1h