Les Inséparables au Théâtre Hébertot : un tourbillon émotionnel !

Les Inséparables, tel est le titre de la pièce actuellement programmée au théâtre Hébertot. Les comédiens qui y jouent ne vous seront sûrement pas inconnus puisqu'il s'agit notamment de Didier Bourdon et Valérie Karsenti. Autant vous dire que nous étions avec ma fille très impatientes de découvrir cette pièce ! Alors qu'en avons-nous pensé ? 

Avis sur Les Inséparables

⇒ Pièce de théâtre Hébertot ⇐   

La pièce Les inséparables est jouée jusqu'au 10 juin 2018 au théâtre Hébertot dans le 17eme arrondissement de Paris. C'est un lieu de spectacle que je connais pour avoir assisté aux Jumeaux vénitiens et 12 hommes en colère. Le théâtre Hébertot a su, depuis sa création en 1830, se moderniser tout en préservant un style plus ancien que j'affectionne. 

Après y avoir découvert une comédie italienne puis un drame américain, retour en France pour découvrir Les inséparables, une pièce de Stephan Archinard et François Prévôt-Leygonie tous deux dramaturges, scénaristes et réalisateurs. 

Les inséparables : une histoire de non-dits 

L'histoire nous conte la vie de Gabriel Orsini, un peintre renommé en panne d'inspiration depuis fort longtemps. Alors qu'il est en plein doute, il hérite d'un atelier d'artiste qui va bouleverser sa vie : en effet, ce lieu va lui permettre de faire la lumière sur les non-dits familiaux ... C'est ainsi que l'on va, à travers un voyage dans le temps, découvrir l'histoire de sa famille. J'avais vraiment hâte de découvrir comment cela allait être mis en scène, car les allers-retours à travers le temps n'est pas une chose aisée à gérer au théâtre.

Après avoir récupéré mes places, je me suis dirigée avec ma fille vers notre emplacement. Nous étions situées au premier étage, en corbeille, catégorie Or, places numéros 415 et 417. Placées au premier rang, nous avons eu une belle vue sur la scène. L'emplacement pour les jambes restent assez confortables même pour moi qui fais plus de 1m70, par contre, si vous êtes plus grand, ça risque d'être un peu juste.

Avis sur Les inséparables 

Le rideau s'ouvre sur un grand atelier d'artiste parisien, dont les grandes baies vitrées offrent une jolie vue sur les toits de Paris. Décoré dans un style année 50, le lieu vient d'être légué par une inconnue à Gabriel Orsini. Pourquoi lui a-t-elle transmis ce bien ? Qui est-elle ? Sûrement une admiratrice, selon Gabriel. Dans un placard de ce superbe duplex, il découvre des lettres et des accessoires de peintures : une mine d'informations qui va bouleverser sa vie...

De gauche à droit-: Abel, Gabriel et Maxime (@crédit photo Bernard Richeb)

Si Gabriel est un peintre renommé, cela fait plusieurs années que l'inspiration l'a quitté. Cet atelier sera peut-être le lieu qui lui redonnera l'envie de peindre, c'est en tout cas ce qu'espère son ami Maxime son galeriste. En attendant, en pleine crise existentielle, miné par la dépression, mal fagoté, il se montre particulièrement désagréable et cynique envers son fils Abel et Maxime. Tant et si bien que ces derniers décident de quitter les lieux. C'est alors que l'atelier se met en mouvement et que l'on découvre un homme vêtu avec soin dans ce même appartement, mais à une autre époque, celle des années 50...

Sacha et Samuel (@crédit photo Bernard Richeb)

Un retour dans le passé

Grâce à une mise en scène ingénieuse, nous voyageons tout le long de cette pièce dans le passé et le présent. Dans un premier temps, une petite confusion pourra s'installer puisque Didier Bourdon interprète deux personnages : Gabriel, le peintre bougon, qui se néglige et Samuel, le grand-père de Gabriel, un homme soigné, amoureux et banquier. Fort heureusement, nous prenons rapidement conscience qu'il s'agit de deux personnages grâce à leurs caractères opposés et aux tenues, qui marquent bien les différentes époques. 

On apprend petit à petit à connaître Samuel, pour qui Gabriel garde beaucoup de rancœur et se montre si dur. Les non-dits ont bien souvent un impact bien plus grand qu'on ne pourrait l'imaginer.... 

De gauche à droit : Maxime, Gabriel et Abel (@crédit photo Bernard Richeb)

Un décor mobile très ingénieux

J'ai été particulièrement subjuguée par le superbe décor mobile, qui se meut tel un carrousel. Ce déplacement permet de découvrir cet atelier sous différents angles et d'offrir ainsi une perceptive très différente en fonction de son positionnement. Il offre une impression de mouvement et de vie telle que l'on peut en voir au cinéma, d'autant plus que le paysage qu'on aperçoit grâce aux baies vitrées évolue dans le même temps. 

C'est assurément une mise en scène d'une grande originalité, qui dynamise la pièce et nous permet de suivre les personnages dans leur déplacement. On sent que chaque détail a été bien réfléchi donnant ainsi une facette poétique, accentué par une bande musicale qui nous transporte indéniablement. 

De gauche à droite : Samuel, Sacha et Raphaëlle (@crédit photo Bernard Richeb)

Un tourbillon émotionnel

En plus de cette très belle mise en scène, l'histoire est aussi à la hauteur : ici, on parle de non-dits et de tout ce que cela peut entraîner au sein de la cellule familiale. On est alors happé dans un tourbillon émotionnel qui varie radicalement selon les époques : c'est alors que l'humour et la tendresse côtoie l'incompréhension et la colère. Il y a là une belle palette de couleurs qui bouleverse nos petits cœurs ! D'ailleurs le tableau final m'a tout simplement émue aux larmes.

Une belle troupe de comédiens

Impossible de parler de cette pièce sans parler de ces comédiens qui savent la servir avec beaucoup de talent. 

Didier Bourdon : après une formation au conservatoire et un passage au théâtre de Bouvard, il rencontre dans la fin des années 80  Pascal Légitumus et Bernard Campam. Tout trois formeront le trio comique Les inconnus qui a marqué toute une génération. Didier poursuit ensuite sa carrière en solo au cinéma dans les années 2000.
Dans cette pièce, Didier incarne deux personnages : Gabriel et Samuel : l'un a perdu son étincelle de vie et l'autre voit la vie en rose. Deux personnages opposés qui permet à l'artiste de se montrer tantôt émouvant et drôle et tantôt cynique et cassant.

Valérie Karsenti est connue du grand public pour son rôle de Liliane dans la série de M6 Scènes de ménages. Passionnée aussi par l'univers du théâtre, elle s'est formée notamment au cours Florent ainsi qu'à l'ENSATT. C'est ainsi que Valérie a joué de nombreuses pièces en plus de ses apparitions télévisuelles. Elle est également la voix française de Mulan. 
Dans cette pièce, elle joue le rôle de Sacha : pas de voix suraiguë à la Lilianne, ici la comédienne prend l'accent slave et le fait d'ailleurs à la perfection. On découvre alors tout le talent de la comédienne qui sait d'imprégner de son personnage : une femme artiste, indépendante, amoureuse  et résolument attachante. 

Thierry Frémont interprète le rôle de Maxime. Le comédien a obtenu le César du meilleur espoir masculin en 1988 pour le film Travelling Avant. Depuis, il a privilégie le théâtre et la télévision. Il a d'ailleurs obtenu en 2005 un Emmy Awards pour la série Francis Heaulme. Personnellement, j'ai trouvé son interprétation remarquable dans Les Inséparables. On prend un grand plaisir aussi bien à l'écouter qu'à le regarder. 

Et n'oublions pas Pierre-Yves Bon qui interprète Abel le fils de Gabriel. Formé au cours Florent, il a joué aussi bien au cinéma, à la télévision qu'au théâtre. D'ailleurs, peut-être l'avez-vous vu l'an dernier dans La reine Margot ? 

Et pour finir, Elise Diamant qui interprète Raphaëlle, la mère de Gabriel. La comédienne à elle aussi une grande expérience puisqu'elle a cumulé de nombreuses rôle aussi bien au cinéma, à la télévision, dans des courts-métrages qu'au théâtre.

En conclusion : Les Inséparables est une belle pièce qui nous transporte dans un tourbillon émotionnel : il sera bien difficile de rester insensible devant cette histoire dont le tableau final m'a particulièrement touché.

↪ Envie d'une deuxième avis ? N'hésitez  pas à lire la revue de Dameskarlette. 

Avez-vous eu d'occasion de voir ces comédiens au théâtre ?
Que pensez-vous de cette pièce est parle des non-dits familiaux ?  

Informations:

Théâtre Hébertot 78 bis boulevard des Batignolles – 75017 Paris (métro Rome)

Jusqu'au 10 juin 2018
Du mercredi au dimanche à 21h 
Séances supplémentaires le samedi à 16h et dimanche à 16h30

Prix:  10 à 65 €

Durée: 1h30
Pièce de Stephan Archinard et François Prévôt-Leygonie

Adaptation et mise en scène :  Ladislas Chollat 

Lumières : Alban Sauvé 

Lumières : Emmanuelle Roy

Costumes : Jean-Daniel Vuillermoz 

Comédiens Didier Bourdon, Valérie Karsenti,Thierry Frémont, Pierre-Yves Bon, Elise Diamany. 
Costumes : Frédéric Norel

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